Les Clés pour bien voyager – Interview des auteurs

Le parcours des autodidactes est souvent parsemé d’aventures inattendues. Quelques mois avant la pandémie, les éditions GLENAT cherchaient des volontaires pour écrire le chapitre Équateur et Galápagos de la série de guides d’auteur : Les clés pour bien voyager. Comme le monde des aventuriers est petit et interconnecté, le nom de Xavier Amigo est arrivé à l’oreille de la maison d’édition française assez rapidement. Après quelques rapides réflexions la proposition été accepté par Xavier qui serait l’auteur du livre. Mais il manqua un point essentiel à régler : illustrer correctement ce livre d’auteur. La participation du photographe Pierre Ferron s’avéra incontournable pour ce travail. Une profonde connivence c’était déjà installée entre ces deux personnes qui partageaient plusieurs passions pour les thèmes de la nature, de la plongée sous-marine, de la photographie d’oiseaux et surtout une passion partagée pour le pays.

L’expérience accumulée autour de l’activité touristique de Nature Experience, leur agence de voyage, allait faciliter grandement l’écriture et la réalisation de ce guide touristique. Le contenu reflète effectivement une expertise approfondie dans le domaine, avec des connaissances pointues sur les destinations, les espèces animales et végétales, les sites d’observation, etc. Les détails présentés dans les différentes sections de ce guide de voyage pas comme les autres, vous feront bénéficier d’accès privilégiés à des sites d’observation restreints, offrant des expériences uniques aux voyageurs. Des informations précieuses pour garantir une découverte alternative de cette destination verte. Les auteurs ont utilisé leurs expériences pratiques du terrain pour identifier les meilleurs itinéraires, adaptés aux naturalistes en herbe.

Mais laissons les parler eux-mêmes de leur petit dernier !

Écrire un livre n’est bien sûr pas facile. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour franchir cette étape ?

Pierre Ferron : Quand j’ai décidé de changer de métier pour me lancer dans la photo animalière, c’était bien sûr un choix très difficile. Avec l’avènement du reflex numérique et des plateformes de stock photo, tout le monde pouvait devenir photographe, et le marché du travail, dans cette profession, s’effondre petit à petit. C’était une sorte de consécration de mes efforts de pouvoir illustrer ce livre ce qui a été très motivant durant cette très longue expérience.

Xavier Amigo : Effectivement ce n’est pas facile, surtout quand on n’a jamais fait cela avant. Au-delà de ce côté défis, c’est le côté chronophage qui n’était pas clair pour moi. Bon maintenant je le sait… Mais, sans Pierre, je n’aurais probablement pas fait le pas. Il a été d’une précieuse aide pour organiser les idées et avancer dans le projet. C’est curieux, car maintenant avec le recul, je ne dirais pas non à une nouvelle expérience, pour un autre livre.

Paysage andin sur l'avenue des volcans — Paysage andin sur l’avenue des volcans

D’où vient la passion pour la nature ?

PF : Très certainement d’avoir grandi à la campagne, j’ai passé toute mon enfance à grimper dans les arbres, à chercher les petites bêtes dans le tas de bois, à jardiner avec mes parents, à camper et partir à l’aventure en randonnée, à vélo, en canoé ou kayak. Plus tard, après mes études d’ingénieur, j’ai toujours cherché des projets à vocations écologiques, principalement dans la rénovation énergétique des bâtiments, mais l’appel de la nature a pris le dessus lorsque je suis parti avec mon sac à dos pour bourlinguer à travers l’Amérique du Sud, et je n’en suis jamais revenu.

XA : De la même manière, je pense que cette attraction pour la nature vient de petit lorsque je partais dans les Pyrénées crapahuter derrière mon père, passionné de botanique. Mais c’est véritablement ici, en Équateur que j’ai commencé à me rendre compte de mon goût prononcé pour la nature. D’abord les reptiles puis, les oiseaux et ensuite la faune sous-marine. Mais en réalité tout m‘intéresse. L’Équateur est réellement un paradis pour les passionnés de nature. Elle est omniprésente et opulente, en particulier l’avifaune.

Photographe en action dans le parc national Antisana

Quel est votre animal préféré à étudier et où le faites-vous le mieux ?

PF : Ça c’est une question difficile. Ici les oiseaux sont magiques, en grand nombre, très colorés et actifs, les colibris sont particulièrement attractifs. Mais, la faune marine me passionne beaucoup également, plus mystérieuse et inaccessible, depuis les petits nudibranches jusqu’à l’énorme requin baleine.

Peut-être que je choisirai les baleines à bosse comme préféré, immenses et majestueuses, très intelligentes, au chant hypnotique.

XA : Pour moi aussi cette question reste toujours un piège. Même si ma grande passion reste les oiseaux, je pense que tous les êtres vivants ont, au-delà de leur rôle, un intérêt évident, même s’il est souvent caché. En termes de recherches proprement dites, je dirais que les espèces les plus rares, les plus vulnérables et les plus isolées sont celles qui devraient attirer le plus notre attention et notre intérêt.

Saut majestueux de la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae)

S’il y a “Un” voyage que tout le monde doit avoir fait dans sa vie, lequel pensez-vous que cela devrait être ?

PF : Je ne citerai pas une destination, c’est un choix bien trop personnel, mais plutôt une manière de voyager. Je pense qu’au moins une fois dans sa vie, une personne doit partir avec pour seul bagage un sac à dos, pour seule limite celle de ne plus avoir soif de voyage et pour seul compagnon ses yeux pour admirer le monde qui l’entoure. Ce n’est pas évident, il faut du temps, le courage de tout lâcher et la situation familiale qui le permet, mais ce genre de voyage initiatique peut vous changer la vie.

XA : Pour moi, il y a véritablement des sensations très spéciales qui apparaissent lorsque l’on découvre des lieux magiques. Plus ils sont isolés et plus l’émotion est forte. Au niveau de l’Équateur ma plus grande émotion reste sans aucun doute la découverte terrestre et sous-marine des îles de Darwin et Wolf, aux confins septentrionaux de l’archipel des Galápagos. Les immenses colonies de fous à pieds rouges, la présence de ce curieux Géospize vampire et l’impensable biomasse sous-marine composée d’une multitude de requins marteaux, requins baleines et autres squales, vous mettent une véritable gifle. C’est le genre d’endroit que l’on n’oublie jamais.

Grand groupe de Requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), Galápagos

Avez-vous des conseils pour les photographes débutants (de nature ou en général) ?

PF : Lancez-vous ! C’est un travail de patience, méticuleux et peu rémunérateur, mais le plaisir de pouvoir vivre de sa passion et se lever motiver le matin n’a pas de prix.

XA : Pierre a raison, il faut se lancer (pas que dans la photographie) et les résultats sont toujours satisfaisants, au moins en partie. Je pense que comme pour tout, la passion, ici, en particulier pour la nature, est l’élément clef du plaisir que peut procurer la photographie. Savoir prendre le temps d’observer et d’interpréter ces observations avant d’appuyer sur le déclencheur peut aussi être d’une aide précieuse pour mieux comprendre son environnement.