Une nouvelle espèce de lézard de lave découverte aux Galápagos

Le récit fascinant de la découverte d’une nouvelle espèce de lézard de lave dans l’archipel des Galápagos nous plonge dans les méandres de l’histoire de l’évolution et de la biodiversité. Depuis la visite de Charles Darwin dans les Galápagos en 1835 à bord du HMS Beagle, les herpétologistes européens se sont passionnés pour la découverte et la description de la faune de l’archipel. La première espèce de lézard de lave à être scientifiquement décrite fut le Microlophus grayii, basé sur des spécimens collectés par Darwin sur les îles Santiago et Floreana en 1843.

 

Dessiné en 1843 par B. Waterhouse Hawkins : en haut Leiocephalus grayii (actuellement Microlophus grayii)

 

Cependant, l’histoire de la découverte des lézards des laves ne s’arrête pas là. Des expéditions ultérieures et des recherches muséales exemplaires ont conduit à la description de toutes les espèces actuellement reconnues de lézards des laves des Galápagos d’ici la fin du XIXe siècle. Ces 7 espèces de lézards, appartenant au genre Microlophus, ont depuis fasciné les scientifiques en raison de leur adaptation remarquable à l’environnement insulaire unique de l’archipel.

Un article scientifique examine la diversité des espèces de lézards des laves dans les Galápagos, mettant en lumière le rôle crucial de l’immigration dans la formation de cette biodiversité, contrairement à la cladogenèse* au sein des îles. Les lézards des laves des Galápagos ont évolué à partir de deux événements de colonisation distincts, ce qui a entraîné une radiation importante avec huit espèces réparties sur les îles occidentales et les îlots environnants.

Une attention particulière est portée à une nouvelle espèce de lézard de lave découverte sur l’îlot Gardner, situé à 8 km à l’est de l’île Floreana. Cette nouvelle espèce, nommée Microlophus slevini en l’honneur de l’herpétologiste américain Joseph R. Slevin, présente des différences morphologiques et génétiques distinctes qui la distinguent de ses espèces sœurs.

 

Carte de l'archipel des Galápagos avec un gros plan de l'île de Floreana et des îlots environnants.
Carte de l’archipel des Galápagos avec un gros plan de l’île de Floreana et des îlots environnants. Les courbes de niveau bathymétriques délimitent les profondeurs de 50 m (bleu plus clair), 100 m, 150 m, 200 m et >200 m (bleu plus foncé). Microlophus slevinisp. nov. est présent sur Gardner, tandis que M. grayii est connu de Floreana, Champion, Caldwell et Enderby.

 

La nouvelle espèce présente des caractéristiques morphologiques distinctes, notamment une crête vertébrale plus prononcée chez les mâles adultes, ainsi qu’une coloration spécifique, avec des taches noires sur le dos et des marques orange sur la tête et le cou chez les spécimens adultes.

L’étude combine des données morphologiques et génétiques pour étayer la reconnaissance de cette nouvelle espèce. Des analyses de discrimination linéaire montrent des différences significatives dans les mesures morphologiques et les comptages d’écailles entre les lézards des laves de différents îlots, confirmant ainsi la distinctivité de Microlophus slevini.

 

Spécimens adultes vivants de Microlophus grayii de Floreana.
Spécimens adultes vivants de la femelle (A, B) et du mâle (C, D) de M. grayii de Floreana. Les couleurs des spécimens vivants de M. grayii et de M. slevinisp. nov. sont très similaires.

 

De plus, les distances génétiques et les réseaux d’haplotypes* soutiennent également la délimitation de cette nouvelle espèce. Ces analyses intégratives soulignent l’importance de combiner différentes approches pour comprendre la diversité des espèces et les processus évolutifs qui les ont façonnées.

La découverte de Microlophus slevini illustre la dynamique complexe de l’évolution insulaire dans les Galápagos et souligne l’importance de la recherche continue pour documenter et préserver la biodiversité unique de cet archipel emblématique.

Il est extrêmement intéressant de souligner que malgré les pressions anthropogènes planétaires, de nouvelles espèces de vertébrés sont encore découvertes de nos jours dans des écosystèmes déjà bien étudié par les scientifiques. Cela témoigne de la richesse encore inexplorée de la biodiversité de notre planète et suscite un espoir vivace quant à la préservation et à la découverte de nouvelles formes de vie.

 

Dimorphisme sexuel chez le lézard de lave de Santa Cruz (Microlophus indefatigabilis)
Dimorphisme sexuel chez le lézard de lave de Santa Cruz (Microlophus indefatigabilis)

 

L’intégralité de l’article est disponible en téléchargement en PDF ici (en anglais) : A new species of lava lizard (Iguanidae: Tropidurinae: Microlophus) from the Galápagos

 

 

* Définitions

Cladogenèse : Processus évolutif dans lequel une seule lignée évolutive se divise en deux ou plusieurs branches distinctes, créant ainsi de nouvelles espèces. Contrairement à l’anagenèse, où une espèce évolue progressivement dans le temps sans division de la lignée, la cladogenèse implique une divergence génétique et morphologique qui conduit à la formation de différentes espèces à partir d’une ancêtre commune. Ce processus est essentiel pour comprendre comment de nouvelles espèces émergent à partir d’une seule lignée évolutive et contribuent à la diversité biologique.

Haplotypes : Séquences de gènes ou d’ADN situées sur un même chromosome, héritées ensemble en raison de leur proximité physique sur ce chromosome. Ces séquences peuvent contenir des variations génétiques spécifiques et sont transmises ensemble lors de la reproduction.

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